Vues sur le lac : petite maison à Tanjung Isuy le vaste lac Jempang
Dans la forêt entre les villages Dayaks de Mancong et de Tanjung Isuy. Sunset on the jungle near Mancong Sunset on the jungle near Mancong Sunset on the jungle near Mancong
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Fonçant sur la route défoncée avec notre voiture de circonstance, Corinne et moi avons vu le ciel s'embraser derrière nous à l'occasion du coucher de soleil au-dessus de la jungle de Kalimantan entaillée par la route de terre glaise que nous empruntions. Encore plus vives que sur la couverture du livre sur Bornéo qui m'avait confirmé tant il me tardait de m'y rendre, les couleurs chatoyant derrière nos têtes m'ont amené à demander à notre chauffeur de suspendre sa course parmi les trous dans la route de glaise glissante. Encore une fois, ce pays m'offrait un coucher de soleil tel que je n'en avais jamais vu. Je me suis mis à courir vers le sommet de la colline pour avoir des vues encore plus spectaculaires de cette débauche de rouges, ocres et jaunes qui viraient au rose et au violet au-dessus de ces vastes étendues de forêt. C'était digne de toutes ces visions enchanteresses et pourtant inquiétantes qu'avaient fait parvenir tant d'explorateurs et d'écrivains de cette gigantesque île si fascinante. Mais nous avons dû écourter ce spectacle pour continuer notre route, même si j'ai pu en profiter un peu encore en me mettant à la fenêtre, le chauffeur ayant l'obligeance de ralentir. Une fois revenus à Tanjung Isuy où nous attendait notre petit bateau, il faisait presque nuit. Le soleil avait disparu dans la forêt, happé par cette masse sombre impénétrable. Il restait une vision surréaliste de cet immense lac bordé de végétation riche, et qui se parait de reflets violets tout en virant au noir d'encre. Notre aimable pêcheur cachait maladroitement son inquiétude devant notre retard. Nous avons commencé ce qui devait être 3 heures de traversée du lac Jempang, le plus grand de Bornéo. Or, en cette fin de saison des pluies, d'innombrables herbes et jacinthes d'eau bloquent les passages habituels, et seuls les habitués connaissent les rares voies maintenues par le passage régulier de leur hélice. Notre bateau s'est retrouvé coincé à plusieurs reprises, et nous avons alors été assaillis par des centaines de moustiques, dans cet immense marais, d'où les crocodiles ont heureusement disparu. Ce fut pour nous un tel cauchemar jusqu'à l'arrivée à 2h30 du matin, que nous n'étions qu'obsédés de rester calmes malgré les piqûres si vives, la chaleur et fatigue. Extrême Bornéo.
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