Dunkerque
 

Premier goût du carnaval | Grande Synthe | Carnaval de Dunkerque

Carnaval de Dunkerque

Moi dans la foule


PE au cœur du carnaval
En plein milieu du Carnaval
   
Symboles principaux du Carnaval : un géant et la statue de Jean Bart
Grand-Beffroi au milieu du Carnaval

 
Au milieu du Carnaval avec l'Hôtel de Ville comme point de convergence

Nous nous remettons de nos émotions et partons vers Dunkerque. Nous trouvons le chemin de la plage en suivant un couple bien sympathique. N'ayant pu obtenir de places pour le bal de l'oncle Cô très convoité car étant l'un des plus importants du carnaval, nous voulons nous mêler à la foule des carnavaleux se trouvant dans la même situation que nous, qui occupent les nombreux bars et restaurants de la longue plage aux alentours de Malo-les-Bains. Nous nous installons dans l'un des premiers bars ayant suffisamment d'ambiance. La population est essentiellement masculine - nous assistons aux danses et gesticulations plutôt bon enfant, ainsi qu'au va-et-vient permanent, tout en sirotant nos bières. Un grand type entre avec son tambour qu'il bat à la mesure de la musique qui passe. Les gais lurons qui ont établi leur camp ici gambadent de plus belle en chantant et en se délurant.

Nous continuons notre découverte du carnaval en nous promenant le long de la plage, puis en repartant dans l'autre sens pour voir toute la série de bars et de restaurants qui borde cette longue étendue, d'autant plus impressionnante que la Manche est à marée basse. Il pluviote quelque peu, mais nous poursuivons notre balade, ponctuée de rencontres amusées. Des groupes font la fête ici et là à leurs tablées, d'autres lieux sont plutôt calmes - tous semblent se côtoyer dans un bon esprit. Après une longue marche au cours de laquelle nous avons été régulièrement interpellés par des personnes cherchant en vain des places pour le bal de l'oncle Cô, nous nous posons dans une cafétéria dont nous apprécions la bonne ambiance. Les fous du bar se sont installés ici à présent, et se livrent à des danses plus ou moins correctes, tandis que les différentes tables chantent en cœur de leur côté ou avec la musique. Sans billet pour le bal ni groupe auquel se joindre, nous voyons notre soirée tirer à sa fin tout en étant bien satisfaits de ce premier contact avec le carnaval, que nous n'avions de toute façon que peu pu préparer. De retour à l'hôtel, nous nous amusons à nous démaquiller et à voir combien le rose du boa et ses plumes se sont répandus un peu partout, sans parler de nos paillettes lumineuses.

Le lendemain matin démarre aussi énergiquement que nous l'avions prévu quand notre réveil sonne l'alarme pour que nous nous allions à temps au départ de la bande des pêcheurs défilant en centre-ville de Dunkerque. Nous y retrouvons un groupe courageux défiant la pluie - leur nombre est certes peu important, mais il augure tout de même de la foule qui sera présente cet après-midi coûte que coûte pour le point d'orgue dans cette ville. Nous les observons quelque peu avant de partir pour explorer la côte tout en sachant que nous aurons tout à loisir de nous joindre au cortège dans l'après-midi.

Les noms des communes de la grande agglomération de Dunkerque défilent - nous revoyons Malo-les-Bains aux bars déjà tout rangés, puis Loffrenckoucke où nous bravons la bruine, le vent et le froid pour nous promener le long de la plage jusqu'à la mer. Nous voyons quelques footballeurs et joggeurs courageux, puis revenons par le Parc du Vent situé en deçà d'une éolienne. De là, nous circulons au gré de notre sens de l'orientation jusqu'au village de Bray-Dunes dont l'emplacement nous avait attirés sur la carte. Nous sommes à quelques encablures de la Belgique, et le paysage nous rappelle certainement notre excursion jusqu'à Ostende et le long de la côte nord-est de ce pays.

Nous revenons ensuite en ville passer le temps, de chocolat chaud dans une bonne brasserie, en visite du magasin de déguisements, pour finir par un bon repas dans un restaurant situé sur la place de l'Hôtel de Ville. Alors que la pluie a cessé, il est enfin temps de rejoindre la foule. Nous avons déjà une idée de sa taille en constatant que les gens que nous croisons en ville sont déguisés pour la plupart. Nous ne sommes pas déçus quand nous retrouvons la bande à un carrefour, suivie des acharnés arborant leurs grands parapluies et de toute une suite de fêtards à laquelle nous nous mêlons. Il nous faut peu de temps pour nous insérer dans un rang en agrippant chacun quelqu'un d'autre par le bras. Tout ce beau monde se met en route, et nous nous retrouvons en un rien de temps dans une sorte de Rigodon, pressés au rythme tonique d'un des airs populaires.

Nous n'avons pas vraiment le temps de voir cela venir, et défilons donc dans les rues de Dunkerque par à-coups : par moments nous levons la tête pour scander les gens juchés à leurs balcons ou visiter du regard les différents quartiers, mais à d'autres moments, nous sommes entièrement focalisés sur le maintien d'une respiration et d'un équilibre sans cesse menacés par les bousculades et mouvements collectifs. Encore plus que la veille, nous sommes comprimés, portés des moments entiers sans toucher terre, piétinés des tibias aux orteils par derrière ou, pire encore, devant. Nous sentons combien les gars nous entourant jugent comme nous de la longueur et de l'intensité de ces instants, pour faire valoir combien cela aurait pu durer plus longtemps ou a failli au contraire leur être un tant soi peu trop long. Certains se retirent, d'autres cherchent à s'assurer d'être au cœur de l'action. Un vieux costaud un peu bourru m'encourage à écarter des personnes se plaçant devant nous sans réellement former une ligne - il tient à rester au contact de l'action, pas trop loin du groupe de musiciens. PE et moi nous laissons quelque peu porter, tout en veillant également à ne pas nous retrouver trop loin dans le cortège. Arrivés sur une grande place, le flottement de la foule nous permet de remonter à toute allure vers l'avant de la procession. Quand nous cherchons à nous réinsérer dans une ligne, nous sommes impressionnés par le gabarit de ces lignes avant, et reculons de quelques rangs tout en craignant tout de même le pire. Si tôt après, incrédules, nous faisons partie de la première ligne à être repoussée à l'avant par ceux que tiennent les " comprimeurs " de l'avant. Autant dire que nous ne parviendrons pas à tenir longtemps, mais nous chantons gaiement pour autant quand notre souffle nous le permet. La transpiration fait couler le maquillage, et ce encore plus pour nos voisins zoulous au visage peint en noir, blanc et rouge. Je peine à dégager une main pour ajuster quelque chose qui me dérange. Au fur et à mesure d'arrivées fraîches en tête du groupe, nous reculons quelque peu, mais PE finit par aller prendre de l'air pour pouvoir retrouver son souffle si souvent coupé.

Nous savons qu'il va nous falloir repartir avant l'arrivée devant l'Hôtel de Ville pour le jet de harengs, donc nous avons réellement tenu à profiter jusqu'au bout de ce phénomène rare que constitue le cortège du carnaval. Quand je me mets à mon tour à l'écart des lignes pour retrouver PE, je perçois combien la foule est immense. Même à bonne distance du cortège principal, les rues sont remplies de groupes et de gens déambulant à travers ville. Place Jean Bart, plusieurs géants sont installés au pied de la statue du corsaire élevé au rang de saint patron de cet événement. C'est de là que nous quittons une manifestation authentique qui nous aura vraiment plu, tandis que PE me dépose au ferry à Calais et que nous reprenons chacun notre chemin, le dernier clin d'œil du week-end m'étant adressé par la réaction de surprise des gens me croisant jusqu'à mon retour chez moi - ce n'est qu'une fois arrivé à bon port que je me démaquille enfin !


Intégrale de : France
Premier goût du carnaval | Grande Synthe | Carnaval de Dunkerque

© - Extrajoce - 2000 - © Tous droits réservés - Reproduction interdite