La rude montée Chaleur récompensante après la montée Les nuages se dissipent sur les lacs Les lacs d'émeraude Mount Ngauruhoe et le col One of Tongariro crossing's scenic rewards Pause déjeuner près du lac bleu Lac Taupo en redescendant
|
Après les retrouvailles enthousiastes avec mon amie Sarah que j'avais rencontrée à l'occasion du voyage dans l'Outback australien, me voilà parti avec elle pour un week-end prolongé de 4 jours, selon une boucle nous permettant d'explorer les sites moins touristiques de l'île du nord. En effet, cela fait déjà 8 mois qu'elle habite ici, donc elle connaît assez bien la région, et, pour ma part, je compte faire l'itinéraire un peu plus classique en prenant un pass avec une compagnie de bus. Voiture louée, nous voilà en route, non sans émotions car à peine arrive devant la maison pour la prendre, je la vois qui sors de la voiture de l'auto-école en tirant la moue : elle vient de rater son permis. Cela constitue évidemment un bon contre-temps et la déconnectera bien de l'enthousiasme initial de ce voyage, d'autant que, renseignements pris, elle ne peut pas repasser l'examen avant son retour en Allemagne deux semaines plus tard. Je noie l'ambiance d'une conversation enjouée alors que nous faisons route vers le nord, mais elle repense à plusieurs reprises à son échec et est dépitée. Avant la tombée de la nuit, nous parvenons tout de même à nous réjouir de voir le fantastique paysage du parc national de Tongariro, World Heritage area avec ses trois volcans imposants. Nous le contournons par l'est et allons nous poser dans un motel d'une petite ville proche. Le lendemain matin, nous partons avec une navette vers le début du fameux Tongariro Crossing, réputé être la meilleure marche d'une journée de Nouvelle- Zélande, et passant entre deux des volcans. Dans le froid, le vent et la brume, nous attaquons un chemin qu'emprunteront 5000 personnes dans la journée, parait-il. Une compétition de coureurs a lieu : nous les entendons demander de faire place et haleter en courant avec leurs jambes presque difformes dans l'effort. Il nous faut peu de temps pour arriver au pied de la véritable ascension : il s'agit d'une pente raide que nous mettons plus d'une demi-heure à gravir, alors que de nombreuses personnes s'aident de cannes, et que tout le monde laisse amicalement passer les uns ou souffler les autres. Sans toutefois avoir besoin de s'aider de nos mains, les marches que nous devons gravir au gré des rochers nous demandent un effort constant. Pour ma part, j'enchaîne les pas sans réfléchir et me fraye mon chemin entre les rochers et les touristes, pas si nombreux qu'on aurait pu le croire. Sarah peine un peu plus - elle fait son chemin de croix en insistant pour porter le sac à dos commun, sans doute pour expurger sa culpabilité d'avoir assombri la journée de la veille avec son énervement concernant son permis de conduire. Finalement, aux trois quarts du chemin, je parviens à lui reprendre le sac, qui me casse un instant avant que je ne reparte sans m'arrêter jusqu'au sommet de la pente : le cratère sud, au pied du Mont Ngauruhoe culminant à quelques 2200 mètres, et du Mont Tongariro dont le sommet est plat à 1900 mètres. Notre corps vacille entre la chaleur de l'effort et le froid des nuages et du vent dans lesquels il est ballotté. Nous nous réjouissons de sortir des nuages et d'apercevoir les volcans : outre la marche dure mais plaisante, nous apprécions enfin la vue, et le spectacle est impressionnant. Le soleil nous tape de face, et décolore ce paysage minéral. Au loin, nous apercevons la silhouette de grimpeurs, les petites fourmis sur la crête menant à un autre sommet, au bord du cratère rouge. Sur cette arête, le vent souffle de plus belle, mais nous profitons tout de même de la vue vers l'est où gisent de nombreuses collines nues résultant des éruptions de ces mastodontes. A 1886 mètres, en haut du cratère rouge, nous partageons notre exubérance devant le spectacle des lacs d'émeraude qui se dévoile devant nous avec le passage d'un nuage. Le halo blanc recouvre plusieurs fois notre vue, mais nous patientons heureusement jusqu'à ce que la vue soit enfin complètement dégagée. Décidément, la Nouvelle-Zélande a un climat imprévisible, du fait des nombreux nuages qui s'accrochent sur son jeune relief, et des vents qui y soufflent sans cesse. Encore un peu de chance : nous nous retournons et nous rendons compte que le mont Ngauruhoe triomphe derrière nous et que nous avions failli ne pas le voir. Repus de ce moment, nous descendons la pente faite de sable volcanique et de cailloux, à moitié en glissant, à moitié en faisant de grandes enjambées. Les lacs d'émeraude méritent bien leur nom tant leur couleur est frappante. Ca sent un peu le soufre, mais il serait bien tentant d'y nager. La cohorte de touristes s'est étiolée, le site est appréciable par tous et pour tous. Nous continuons jusqu'au lac bleu, un grand point d'eau au bord du cratère, où nous prenons notre déjeuner dans le confort de touffes de végétation, dans lesquelles je finis par m'endormir au soleil. Nous avions pris beaucoup d'avance sur le plan de route nous ramenant à la première navette, et profitons ainsi de ce site pour lequel nous avons bien marche. Repartant après la plupart des autres personnes s'étant arrêtées en ce havre de calme où tout bruit est écrasé par un vent constant mais doux, nous marchons à vive allure jusqu'au prochain refuge, qui marque la fin de la piste comme celle de ce matin en manifestait le début. Nous redescendons le long du flanc du Mont Tongariro et avons une vue plongeante sur un lac à son pied, et sur le grand lac Taupo plus loin, écartant la forêt et les plaines des alentours. Au refuge, nous avons déjà refait notre horaire, et nous allons encore plus vite au travers de la forêt pour la dernière partie de la marche. La végétation est déconcertante par sa diversité et la vitesse à laquelle elle change selon les hauteurs. Finies les hautes herbes, bruyères, touffes de myrrhe, fleurs parsemées entre les blocs rocheux : ce sont à présent des petits arbres qui recouvrent le chemin sur une terre riche et dense dans laquelle le tracé a parfois même dû être creusé tel une tranchée. Nos jambes tirent mais nous mettons presque deux fois moins de temps qu'indiqué et nous reposons donc au soleil en attendant la navette, pleinement satisfaits de ce "great walk of NZ" qui nous aura livré encore plus que prévu, avec la satisfaction de l'effort et du paysage.
|