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Comme chaque jour depuis notre arrivée, nous sommes immuablement attirés par Angkor Wat, mais nous préférons finir la journée par ce joyau et faisons donc route vers le Baray oriental avant de revenir en passant par le temple de Prasat Kravan que nous n'avions pas encore vu et qui a été très bien restauré par une équipe française. Nous arrivons enfin à Angkor Wat, par l'entrée est pour la première fois, c'est-à-dire l'arrière du temple donc, sans la longue allée si impressionnante. Nous montons de nouveau au plus haut de ce site qui nous semble encore plus paisible en arrivant par ce côté et en raison du beau vert de l'herbe humide. Un peu de pluie fait en effet un passage, avant que je ne me décide à amener la moto à la sortie ouest pour pouvoir en repartir le soir. Je laisse donc Tanguy et m'embarque dans quelque chose qui me trottait dans la tête : le passage par le côté nord le long des douves d'Angkor Wat plutôt que sur la route bitumée. Le soleil est passé sous les nuages et illumine l'eau que je surplombe. Le sentier est assez accidenté et de nombreuses branches l'encombrent. Je me faufile comme je peux en étant d'une part soulagé de ne pas avoir embarqué Tanguy là-dedans et de ne pas avoir à soutenir son poids mais d'autre part quelque peu sceptique sur cette initiative futile entreprise seul. Je dois plusieurs fois passer à pied et me frayer un chemin sous d'épais arbustes, voire le long de l'eau. Cette plaisanterie me prend bien plus de temps que la route normale, étant donné que personne n'emprunte ce chemin si ce n'est quelques personnes à pied ou à vélo cherchant du bois ou pêchant. Je suis plutôt content qu'il ne se soit rien passé et m'empresse de revenir dans l'enceinte du monument pour chercher Tanguy, redoutant qu'il ne m'ait attendu un peu longtemps. Je fonce vers le haut du temple, non sans me retourner à plusieurs reprises pour admirer la lumière rasante dorée qui offre à Angkor une splendeur que je ne lui ai pas encore vue. Des gardiens procèdent à la fermeture du lieu et me demandent de redescendre alors que je n'ai pas trouvé mon comparse. Je le retrouve sans surprise au pied de l'étang où l'on peut voir le reflet des tours, en discussion avec un français qui était assis à ses côtés dans le bateau venant de Phom Penh. La femme espagnole de ce dernier est en plein cours de langue avec un jeune cambodgien qui étonne tout le monde par son talent et sa vivacité. Nous sommes les derniers à quitter ce lieu en captant une belle vision dans la pénombre. Nous rentrons vers Siem Reap par la route très fréquentée des touristes et nous amusons donc à foncer en hurlant, assumant pleinement notre rôle d'électrons libres en marge du tourisme organisé ou guidé. A chaque dépassement nous faisons les fous, baissant parfois tous les deux la tête pour aller plus vite comme à midi quand Tanguy s'était amusé à redépasser un jeune nous ayant doublé. De retour en ville, nous revenons à la civilisation par le biais des e-mails et d'une douche qui me surprend en train de me dire que je ne me rappelle pas avoir autant pué, même si je tiens à préciser que cela reste tolérable. Nous repartons en ville frais et guillerets, Tanguy dénichant un petit restaurant charmant dans une ruelle proche du marché non loin de notre hôtel près de la petite rivière. Confortablement installés à l'extérieur, nous sommes épatés par une cuisine originale, fine et copieuse : une très bonne casserole de pomme de terres et de poisson avec du fromage, un peu comme un gratin dauphinois, ainsi qu'une soupe de crevettes avec de la citrouille et de la noix de coco pour moi. La soirée s'étiole en douceur pour Tanguy qui va se coucher, tandis que je l'achève par un épique entretien téléphonique pour un poste à Londres.
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Siem Reap 
