En attendant que la pluie passe
Suivant les enfants pour entrer
Enfants près du temple
Sous la pluie
Banteay Srei
Banteay Srei
Fronton est de la bibliothèque nord
 
Fronton ouest de la bibliothèque du sud
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A l'approche de Banteay Srei, je suggère à Tanguy de bifurquer dans un petit chemin en terre jusqu'à un petit groupe de maisons. Nous y croisons de nombreux enfants curieux, qui nous observent alors que nous tentons de trouver un passage par l'arrière. Je suis un chemin dans un champ, mais la trace se perd dans l'herbe, et je préfère ne pas aller plus loin afin d'éviter toute mine éventuelle. Je rebrousse chemin et cherche encore une autre solution. Tanguy est perplexe devant mon obstination mais me laisse l'initiative. Les enfants me regardent, en particulier un garçon vif qui joue avec un petit singe. Je m'adresse à lui avec des signes en lui faisant comprendre que je cherche à aller au temple. Je lui montre la photo dans mon guide, mais tous les enfants pointent vers la route principale quand ils comprennent mon affaire. J'insiste en montrant que je cherche à couper par le bois pour arriver par derrière. Oh scandale, je sors un petit billet en l'invitant à m'y emmener. Il le prend, et réalise que ce n'est pas juste ce que d'autres touristes donnent aux gamins mais qu'il va falloir bosser. Les femmes discutent non loin de là, les filles et garçons me parlent khmer et Tanguy ne croit pas vraiment à tout ça mais nous nous mettons enfin en marche. Pendant que la petite troupe d'enfants marche tranquillement, je vois le caractère des uns et des autres se dessiner. Une fille un peu plus âgée a laissé à mon guide improvisé le rôle de meneur mais semble mieux avoir compris. Quant à lui, il semble peu intéressé, mais endosse tout de même ce rôle de responsable. Les autres enfants sont bien amusants aussi, et surtout, ils connaissent bien le coin. Passé le champ, nous arrivons dans les sous-bois humides et devons nous baisser sous des branches. Nous nous faisons dévorer par les moustiques à chaque hésitation de la troupe, ainsi que lorsque nous nous arrêtons en réalisant qu'ils nous ont amenés à l'arrière du parking, qu'il faudrait traverser à découvert sur quelques mètres avant de rentrer par un trou dans l'enceinte latérale. Ca me semble bien possible, mais le risque d'amende de 30$ pèse. Tanguy ne veut pas tenter le diable, alors que je pense pour ma part qu'un chemin direct vers l'arrière doit bien exister. Je fais de nouveaux signes, en particulier à la fille qui parlait avec les autres. Nous retournons vite dans le champ pour les parlementations tellement les moustiques nous croquent. Il m'apparaît alors que la fille avait d'emblée un autre chemin en tête, ce qui avait donné lieu à toutes ces discussions. Elle avait laissé mon guide suivre sa route car c'est lui qui avait le mandat. Je m'appuie à présent sur elle et nous continuons vers un autre champ même si je sens une certaine hésitation de la part de certains. Nous nous enfonçons de plus en plus dans une rizière labourée. Je ris lorsque tout un pied de Tanguy reste coincé dans la vase, mais c'est bientôt à mon tour. Nous luttons pour dégager nos sandales et progresser, et nous retrouvons les chevilles dans l'eau à l'orée du bois, courbés au ras de grosses flaques pour passer sous de très basses branches. Nos acolytes ont moins de mal à atteindre le muret extérieur, mais je comprends tout le cheminement de leurs pensées tant ils s'imaginaient mal avoir à nous emmener ici. Pour les remercier, je file des petits billets à gauche et à droite, en n'oubliant personne mais en évitant de redonner à un petit malin qui faisait mine de ne pas avoir eu sa part. Nous sommes tout crasseux, mais enfin proche du but. Discrètement, nous approchons l'entrée arrière du temple et voyons deux types assis en train de papoter de l'autre côté du muret. Nous les observons pour voir s'ils sont des gardes. L'un d'entre eux nous voit mais ne bronche pas. Quand nous nous approchons, il nous montre d'ailleurs les nuages menaçants en faisant mine de rentrer s'abriter. Il a évidemment assumé que nous étions juste passés à l'arrière faire un tour mais que nous étions rentrés comme tout le monde par l'avant. Nous entrons dans l'enceinte du temple et il se met à pleuvoir des cordes. Ca nous rince un peu la boue alors que tous les gardes se mettent à l'abri. Nous nous parons de nos imperméables en toile et nous livrons à la pluie pour être complètement lavés, avant de déambuler tranquillement dans la splendeur de Banteay Srei, dont le droit à la contemplation a été acquis de haute lutte. Nous regardons les linteaux si bien réalisés et préservés, et rions de notre aventure. Ce temple est si précieux que Malraux avait tenté d'en voler des frises dans la jeunesse de son affectation en Indochine. Après avoir bien pris le temps de se promener et de regarder, nous sentons la pluie décliner et nous apprêtons à repartir. Nous coupons par le parking et reprenons notre moto, revoyant au passage quelques-uns uns des gosses, ainsi que d'autres tout aussi amusants. Je ne m'étais pas trompé en disant à Tanguy qu'il était vraisemblable que quelqu'un ait mis notre moto à l'abri de la pluie. Nous quittons les lieux avec un sentiment triomphant que domine le plaisir et la reconnaissance envers ces cambodgiens si sympathiques.
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Siem Reap 