Gozo
 

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Haut les cœurs, day 1

Arrivée à Gozo en ferry

 
La citadelle de Victoria, point central de l'île
Paysages typiques de Gozo, avec les champs et les collines
   
View of Gozo
Une église dans chaque paysage

 
et à chaque centre de village
Church
 

Réveil à 8h30 par la matronne, alors que le pti déj était servi jusqu'à 9h30. Qu'importe. Haut les cœurs - il fait beau et la vue sur la ville et la baie, du haut de la salle de repas au sixième étage, est de nature à raviver les troupes, ce transit précaire terminé.

Je regarde la carte des bus tout en finissant de relire pour la ènième fois le guide que j'ai pris au passage à l'aéroport, assez peu complet, mais donnant des idées de circuits et muni d'une carte, mon strict nécessaire. En fait, le bus 45 pour Cirkewwa est juste à côté d'après l'hôtelier, pour prendre ensuite le ferry vers Gozo.

J'arrive à l'arrêt juste quand le bus est là, je monte, mais je n'ai qu'un billet de 5 pour un ticket de 0,20. Je regarde dans le bus, mais personne ne bronche alors que le chauffeur ne fait aucun effort, mais fini par me signaler que je dois aller faire de la monnaie, ce que reprend en cœur un homme près de nous, manifestement peu accueillant vis-à-vis des étrangers débarquant ainsi. Je mets ça sur le compte d'une indifférence générale liée à un manque d'hospitalité plutôt qu'à une quelconque hostilité envers le touriste ou à un a priori sur la différence de pouvoir d'achat (dans certains pays, prendre le bus plutôt que le taxi choque).

Je cours vers la boutique à 10 mètres du bus pour changer mon billet - et le bus part sans m'attendre. Peu étonnant vus les gars, mais désagréable tout de même. Je replonge dans mon livre et le reste de la journée se passe bien, rassurons-nous !

La traversée de Malte en bus laisse entrevoir de beaux paysages agricoles : collines et vallées de prairies d'herbe sèche ou de cultures, parsemées de cette roche blonde et parfois poreuse qui est cette île-même. Les villes balnéaires, sans être vilaines, ont assez peu de charme par rapport à ce qu'on peut en attendre, malgré les bateaux dont les couleurs remplissent abondamment les brochures touristiques pour compenser ce jaune parfois poussiéreux qui estompe tout tant le soleil propage sa lumière décolorante. En revanche, les villes et villages sont impressionnants d'architecture, moins pris par la vague de constructions touristiques normées mais sans attrait. Ils sont dotés de lieux de culte superbes, véritables centres de chaque agglomération, et taillés dans cette pierre superbe, aux reflets ocre, rose et brique nuançant la blondeur originelle, tel le dôme de Mosta comparable à celui de St Pierre de Rome.

Le ferry effectue la traversée par un temps magnifique, le soleil me gonflant d'énergie et d'inspiration pour la suite, pendant que les vagues caressent les côtes caverneuses de Comino, petite île située dans le détroit entre Malte et Gozo. De cette dernière, on voit déjà les falaises escarpées et blanchâtres du versant ouest.

Le port de Mgarr se dessine, avec son terminal de ferry, mais surtout ses petits bateaux de pêche, la montée vers le plateau qu'est cette île, et rien que deux églises si impeccables. Tout le monde se rue vers la sortie, de façon désordonnée mais calme : la douceur de vivre semble régner.

De même qu'à Malte, le voyage en bus se déroule bien, dans un bon véhicule anglais Leyland, qui donne un côté désuet et charmant au déplacement, sans en enlever l'efficacité. Les églises trônent comme autant de balises d'une foi et dévotion très fortes, en vis-à-vis de la force de la nature manifestée par les reliefs abrupts du sommet aplati des collines. Au milieu de ces reliefs concurrents se dresse le témoignage glorieux et triomphant de la maîtrise par l'homme des forces de la nature : la citadelle de Victoria est un chef d'œuvre d'architecture, tant par sa construction harmonieuse sur un sommet, que par la vue qu'elle procure sur et de la plupart des points de Gozo.

Arrivé au terminal de bus de Victoria, je retrouve en moi-même la contrepartie positive du côté imprévu de ce voyage en sautant sur l'occasion pour louer un scooter visible non loin de là. Le côté embobineur de l'accent local surprend face au sérieux du loueur, qui m'interroge en détail et fait toute la paperasse nécessaire. Comme toujours, le ladre est doté d'un vieux compagnon pour surenchérir à la moindre opinion, ce qu'il ne manque pas de faire quand vient le moment fatidique de démarrer le scooter.

Je n'ai jamais eu de chance avec le démarrage, calant souvent à la grande terreur de mes compagnons d'Afrique du Sud. Le loueur s'emporte de plus en plus face à mon incapacité à maîtriser aussi bien que lui un mécanisme si simple. Ce machisme ambiant me laisse de marbre, et je me fais refiler un autre scooter, les deux acolytes rivalisant de démonstrations de l'évidente facilité de démarrer cette machine, emportés par leur inquiétude de ne pas faire une si bonne affaire que ça en me louant leur engin pour deux jours.

Finalement, je pars en scooter bleu à la suite du vieux, n'ayant pas encore fini de sécher les timbres tout frais que je venais d'ajouter à la collection d'expressions et d'accents fantasques pour lesquels les gens semblent si doués ici, tant ils s'emportent vite et facilement. Il me montre l'endroit où je dois revenir le lundi après-midi, et me dis d'aller faire le plein à la station juste à gauche au coin.

Je crois me rappeler avoir vu cette station en passant en bus, mais je passe à côté sans la voir, et me commence à me dire que ça fait long, tout en étant grisé par ce retour à la liberté de mouvement que permets un scooter, tandis que je zigzague au milieu de l'embouteillage dans cette rue principale. Je me fais rattraper par le vieux, un peu furibond, qui me demande avec force reproche et une intonation hilarante où je pars sans essence. " And drive slowwwly, ma ". Je prends mon air piteux et nigaud, lui disant que j'allais faire demi-tour parce que je n'avais pas encore vu la station, et le suis vers ce qui était en effet juste au coin et bien visible. Il me lance une dernière fois que je dois rouler prudemment, et me laisse enfin vivre ma vie, qui commence par le versement de l'équivalent d'une livre maltaise d'essence " avec lequel on peut faire le tour de l'île " me disaient-ils avec force exagération (je ne ferai pas l'analyse de l'étendue ou non de l'arnaque au touriste qui débarque sur ces 12 premières heures : inutile et vain).

Vavavoum, en route pour la belle côte nord, sur des routes ensoleillées et bordées de mimosas en fleur. Signalisation assez compréhensible, sous réserve de ne pas être pressé. Les villages sont constitués de belles maisons harmonieuses, aux façades colorées, et parfois aux beaux balcons fermés en bois peint, si typiques de Malte. Modestes, les bâtiments s'alignent et mènent ainsi droit à une place où se dresse le lieu de culte, centre de vie pour les habitants. Les rues divergent de part et d'autre, et je prends vers une longue descente sur la mer, d'où on a une belle vue sur le relief accidenté de ces côtes balayées par la Méditerranée.


Intégrale de : Malta
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