Tunis
 

En attendant Nico

En attendant Nico

Environs de Tunis vus deCarthage

 
Mosquée au sommet de Carthage
Ancienne villa romaine
   
Ancient Roman villa
Bains

 
Ancien cimetière punique
Théâtre romain
   
Amphithéâtre romain

Si je suis parti à Tunis pour le week-end de Pâques, c'est pour plusieurs raisons. Pour commencer, le climat londonien et l'hiver particulièrement longs sont des prescripteurs très efficaces de séjours au soleil, et ce d'autant plus que Hammersmith n'est pas l'endroit le plus chaleureux de la ville. Ensuite, plutôt que de me laisser à l'hôtel, netdecisions préfère que je parte ailleurs tant que ça coûte moins cher (un cas réel de win-win !). Enfin, cette destination concordait parfaitement avec un long week-end, et je l'avais déjà en ligne de mire, surtout pour y aller avec Nicolas, comparse expatrié en ma compagnie, et qui a vécu toute sa vie de vacances là-bas, où ses parents ont longtemps vécu.

Je suis parti de Londres avant Nico, ratant la correspondance à Paris du fait d'un retard du vol, ce qui m'a permis de découvrir avec force excitation le dernier numéro de l'Expansion dans lequel figurent une photo de mon comparse Tim et de moi, dans un article sur ceux qui ont quitté les start-ups. Ca m'a bien aidé à passer le temps, surtout que je lisais discrètement afin de ne pas attirer l'attention de mes voisins.

Une fois à Tunis, je me suis empressé de faire de la monnaie après avoir retiré des gros billets, afin de ne pas être dans l'impasse pour prendre le taxi, par exemple. Visiblement, ça a été une grande source de gêne et de mécontentement pour le barman, mais un type est venu l'aider, et je suis reparti avec ma monnaie, mais déjà avec une idée que certains tunisiens ne sont pas très heureux d'avoir des étrangers comme clients.

Ce n'était pas le cas des chauffeurs de taxi dehors, relativement empressés de me faire monter, mais très loin des 8 dinars maximum que m'avait indiqués Nico pour rejoindre l'hôtel réservé à Gammarth, le Abou Nawas. D'autres personnes visiblement habituées des attentes de taxi patientaient pour des taxis jaunes officiels avec compteur. Au bout d'un bon moment, j'ai pu en avoir un et partir dans les embouteillages, que le chauffeur évitait assez bien en conduisant dans la bande d'arrêt d'urgence, s'arrêtant tout de même aux feux rouges, le temps de traficoter quelque chose sous son volant à travers lequel il passait les deux mains.

Je voyais bien que ça devait bidouiller le compteur, et j'ai fini à 12 dinars en ayant vu au moins 3 fois un dinar de plus s'afficher rapidement, mais qu'importe, je n'étais pas là pour faire des chichis.

L'hôtel est assez somptueux, sans être extravagant, et le studio réservé très charmant, avec des alcôves et tout le nécessaire. Je m'y suis installé en attendant des nouvelles de Nico, vautré devant les multiples chaînes de télé, et déjà un peu frigorifié par cet hiver éternel qui me pourchasse, de Malte à Rome et Toulouse, en passant par Londres et Cardiff. Finalement, Nico a raté le dernier vol du soir et m'a indiqué qu'il tenterait le lendemain de prendre un vol s'il reste des places libres, bénéficiant de places pour personnel Air France.

Le lendemain, j'ai temporisé bêtement, avant de me dire que Nico ne risquait pas d'arriver de si bonne heure. Je me suis pris en main en allant faire un tour de l'hôtel, pour voir la belle piscine débouchant sur la plage, et bordée de pelouse, fleurs, plantes et palmiers. Dans la librairie, j'ai regardé ce qu'il y avait sur la Tunisie, n'ayant pas du tout pris le loisir de préparer le voyage, par manque de temps et comptant sur Nico.

J'ai pris une carte de Tunis pour pouvoir m'orienter, et, voyant combien le site de Carthage est impressionnant, je me suis empressé de m'y rendre, prévoyant de rentrer en milieu d'après-midi pour retrouver Nico, pour lequel j'avais laissé un message à l'hôtel.

Le site de Carthage se repère de loin car il est dominé par l'ancienne cathédrale de Saint Louis, en haut de la colline de Byrsa. Vu d'en haut, il est vite compréhensible qu'un tel site ait été propice au développement d'une ville d'une telle importance, au carrefour de l'Afrique et du monde méditerranéen.

C'est là que se situe le musée de Carthage, qui regorge de statues, de pièces archéologiques, reconstitutions, mosaïques et explications sur la période punique puis romaine de Carthage. Après avoir eu le temps de m'imprégner de ce qu'était ce lieu à de telles époques, je suis ressorti sur l'esplanade, dégageant une vue sur Tunis et la baie, puis suis parti à pied à la recherche des autres sites préservés alentour.

Au passage, je traversais des quartiers résidentiels absolument charmants, aux maisons si joliment peintes en blanc et bleu, et à la verdure fournissant un joli contraste, le tout dégageant des odeurs entêtantes telles que celle, voisine du jasmin, de petits arbustes qui servent partout de haie.

Après avoir erré au hasard, j'ai retrouvé les rues principales, croisé le T.G.M., petit train local allant de Tunis vers ces banlieues du nord-est, puis débouché sur le quartier Magon, ancien quartier résidentiel au bord de la mer. Non loin de là, les plus grands thermes du monde romain mis à part celles de Rome furent érigés, et ce qu'il en reste de ruines évoque encore tout le prestige et le degré de sophistication de cette civilisation. Les voûtes encore debout, les grands espaces, les places qui accueillaient des fontaines et jardins, le parc, tout cela ressurgit encore par bribes au gré de l'imagination de chacun.

Non loin de là, un rayon de soleil sur une terrasse d'une ancienne villa romaine a attrapé mon regard, la restauration rendant tout le charme du lieu. Je suis parti errer plus loin derrière cette maison, traversant un terrain vague proche d'un chantier de constructions, pour enchaîner vers un champ de blé doucement caressé par le vent et ondulant avec grâce à mes yeux et mes oreilles, tandis que les ruines si bien dessinées de la basilique apparaissaient devant mes yeux.

Impression rapidement évaporée, le charme des temps anciens retombant quand, passant dans la basilique, j'ai marché à quelques mètres du lieu de repos d'un clochard s'abritant dans un recoin des ruines, et qui s'est mis à m'interpeller et à me suivre, avec personne d'autre en vue, même si une route fréquentée était à quelques mètres. J'ai dû accélérer et m'en aller précipitamment plutôt que de me laisser embêter.

Suivant la route, j'ai pu ensuite revenir vers d'autres sites, dont le grand théâtre, qui a même été restauré pour pouvoir accueillir des spectacles pendant l'été. C'est toujours aussi impressionnant, surtout vu d'en haut. Deux millénaires de divertissement unissent en ce lieu.

Non loin de là, de belles colonnes sont encore debout... et là encore un type a rappliqué alors que je commençais à peine à m'imprégner du lieu et à trouver la balade tranquille. Repartant dare-dare, j'ai suivi une grande route pour conclure la tournée des hauts lieux de Carthage par la visite de l'amphithéâtre, atteint après une traversée de chemins bordés de pins à l'odeur si envoûtante et chaude. Superbe. En ruines, mais superbe.

De retour à l'hôtel, il n'y avait toujours pas de signe de Nicolas. J'ai donc décidé de prendre la navette de l'hôtel pour aller découvrir Tunis, à une vingtaine de kilomètres de là.

Arrivé au centre de Tunis après une conduite sur la langue de terre au milieu du lac de Tunis, je me suis dirigé vers le souk, un labyrinthe couvert gigantesque, véritable ville dans la ville, et cœur vibrant de cette capitale. Hélé par quelques sympathiques " bon appétit " pendant que je déambulais avec mon kebab, je ne fus finalement pas trop harangué par les vendeurs, mais plutôt charmé par le bruit du métal travaillé ci et là, et par cet amas d'objets aussi futiles parfois qu'ils sont essentiels à l'attrait de cet ensemble.

Me retrouvant devant la mosquée au moment de la fin de la prière, j'ai pu me rendre compte à quel point mon physique surprenait. Ca m'a d'ailleurs valu d'entendre des " Bruce Lee " et " Jackie Chan " de la part de jeunes. J'ai conclu le tour du souk en faisant l'achat d'une pellicule photo, le vendeur me dégainant un " ça va la santé ? " désopilant, pour parachever cette immersion colorée et distrayante. Quel endroit que ce souk, bien plus mystérieux et peu touristique qu'il n'en a l'air, tant on peut se retrouver rapidement dans des petites ruelles vides, d'où on peut apercevoir la vie à l'abris de la chaleur à travers les portes et fenêtres laissées ouvertes pour aérer.

Je suis ressorti par la grande entrée à l'est du souk, place de la Victoire, et ai déambulé dans cette partie moderne de Tunis, aux grandes avenues remplies de magasins et de cinémas, jusqu'au terminus du TGM, direction Carthage.

J'avais envie de finir de visiter certains sites plus éloignés de mes visites du matin, et je me suis donc rendu à Tophet, site de tombes anciennes datant d'avant l'empire romain, et disposées à l'extérieur ainsi que dans une sorte de grotte. J'ai continué ma promenade vers les anciens ports, pour lesquels seule l'imagination permet de se représenter l'ancienne grandeur tant il n'en reste aucune trace.

Finalement, j'ai repris le petit train jusqu'au terminus de la Marsa, d'où je suis rentré à pied, non sans avoir aperçu un terrain de basket sur le chemin, et me disant que j'avais plutôt bien rempli ma journée et que j'espérais que Nico était enfin arrivé.


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